Comment améliorer la qualité de sa cire ?

Comment améliorer la qualité de la cire à usage apicole face aux risques de contamination, d'altération de pureté et aux enjeux pour la santé des colonies ? La qualité de la cire, intrant majeur en apiculture, est essentielle pour assurer la santé de vos colonies. En tant que qu'apiculteur/apicultrice, utilisateur/trice ou encore transformateur/trice de cire il vous est crucial de comprendre les bonnes pratiques de gestion et de transformation de cette matrice complexe. Nous mettons à votre disposition des ressources clés et des conseils pour vous aider à améliorer la qualité de votre cire. Peu d'études révèlent les effets de ces substances adultérantes sur la santé des abeilles, seule la stéarine est connue pour avoir un impact négatif sur la santé du couvain.

Comment améliorer la qualité de sa cire ?

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Définir une cire à usage apicole et ses caractéristiques

La cire d'abeille est une substance complexe sécrétée par les glandes cirières des abeilles ouvrières, constituant un intrant essentiel en apiculture.

Sa composition physico-chimique, dominée par les esters d'acides gras et les alcools, lui confère des propriétés spécifiques qui en font un matériau polyvalent, utilisé dans de nombreux domaines.

En France, la production nationale ne suffit pas à couvrir la demande, rendant l'approvisionnement fortement dépendant des importations. Cependant, parmi celles-ci, certaines ont soulevé d’importants problèmes de qualité, notamment révélés lors de l'enquête nationale de 2016 menée par la BNEPV (Brigade nationale d'enquêtes vétérinaires et phytosanitaires).

Depuis, l’évaluation de la qualité des cires apicoles est devenue un enjeu majeur, d’autant que la réglementation demeure limitée, avec pour seules références principales celles de la réglementation AB, l’EFSA, la pharmacopée européenne ou encore du RAL-GZ 041 concernant la mise en vente de bougies à base de cire d'abeille.

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Comprendre les risques liés à l'usage de cire pas ou plus compatible avec l'apiculture

Plusieurs études ont montré que les cires peuvent contenir des substances indésirables, telles que des résidus de contaminants, des adultérants ou encore des métaux lourds. Ces substances peuvent s'accumuler dans la cire en raison de sa nature lipidique, ce qui la rend potentiellement incompatible avec un usage apicole.

Une cire pas ou plus compatible avec un usage apicole est une cire qui présente des risques majeurs pour la santé des abeilles, la stabilité de la colonie et, par extension, pour les productions a l'apiculteur. La cire utilisée dans les ruches sert de base à la construction des rayons, où les abeilles stockent le miel et le pollen et où la reine pond ses œufs. Une cire de mauvaise qualité ou contaminée peut perturber la colonie.

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Faire analyser sa cire

L'identification de cires pas ou plus compatibles avec un usage apicole peut s'avérer complexe et nécessiter de se faire accompagner.

Un moyen efficace pour détecter ces cires problématiques est de procéder à une analyse. Il s'agit généralement d'envoyer un ou plusieurs échantillon(s) de cire à un laboratoire spécialisé, où seront effectués des tests pour caractériser la composition de la cire.

L’analyse peut être réalisée soit par précaution, pour vérifier la qualité sa cire, soit en cas de symptômes anormaux observés dans la colonie.

Pour mener à bien une analyse, il est essentiel de savoir :

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Evaluer la pureté de sa cire, une problématique historique

L’adultération des cires consiste à ajouter frauduleusement des substances aux propriétés similaires, comme la paraffine ou la stéarine. Ce phénomène n’est pas nouveau : dès 1928, des revues apicoles distinguaient déjà les cires « pures » des cires « falsifiées », qui restaient néanmoins acceptées par les abeilles.

Des analyses récentes montrent que ces pratiques persistent encore aujourd’hui, car elles révèlent la présence de substances adultérantes dans les cires disponibles sur le marché.

Néanmoins, la présence de telles substances peuvent altérer les propriétés physico-chimiques de la cire. Par exemple, l'adultération avec de la paraffine ou de la stéarine peut modifier la plasticité et abaisser le point de fusion de la cire, affectant ainsi sa qualité.

Ainsi, pour évaluer la pureté de sa cire, il est recommandé d'analyser des paramètres tels que l'indice d'acide et l'indice d'ester. Les méthodes analytiques avancées, comme la chromatographie, offrent une identification et une quantification précises des substances adultérantes, tandis que les paramètres physico-chimiques se limitent à indiquer la présence potentielle de certains adultérants.

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Evaluer la contamination de sa cire

La contamination d'une cire peut affecter la santé des abeilles, principalement par ingestion ou contact direct. Les substances toxiques peuvent perturber le développement des colonies, nuire à la reproduction des reines ou affaiblir la résistance des abeilles face aux maladies.

Un état des lieux de la qualité des cires à usage apicole utilisée par des apiculteurs professionnels a montré que les cires d’opercules sont quantitativement moins contaminées que les cires de mélanges, que les cires AB le sont moins que les cires conventionnelles, et que les cires d’apiculteurs autosuffisants sont de meilleure qualité que celles du commerce.

Pour évaluer le niveau de contamination d'une cire, comme pour évaluer sa pureté, il faut la faire analyser. L’interprétation des résultats permet d’évaluer sa qualité toxicologique.

Un rapport d'analyse révèle le nombre de substances présent et leur concentration respective, permettant de renseigner sur l'exposition des abeilles et la composition de la cire. Un indicateur de risque, le Hazard Quotient (HQ), utilisé notamment par l’outil belge BeeToxWax, aide à mesurer le risque pour les abeilles. Cet outil donne des recommandations basées sur des seuils scientifiques, mais ces seuils ne sont pas liés à des valeurs de mortalité du couvain par exemple. En effet, ces seuils à dire d'experts permettent plutôt une évaluation théorique du risque.

Pour aller plus loin, des bases de données comme e-Phy (ANSES), PPDB ou EPA ECOTOX renseignent sur la toxicité des substances quantifiées.

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Améliorer la qualité de sa cire grâce aux bonnes pratiques

Plusieurs recommandations et bonnes pratiques permettent d'anticiper les risques et d’assurer une bonne qualité des cires. Elles consistent notamment à :

    Renouveler les cadres : Remplacer régulièrement les cadres pour limiter les risques d'accumulation de résidus chimiques et autres substances pouvant altérer les propriétés physico-chimiques de la cire et/ou affecter la santé des abeilles.

    Assurer une bonne conduite du rucher : Une gestion rigoureuse de la ruche, mais aussi des emplacements de ruchers favorisent la santé des abeilles et la qualité de la cire produite.

    Mettre en place une traçabilité : Assurer un suivi précis de la cire permet de mieux maîtriser son historique et les conditions de son utilisation, contribuant ainsi à caractériser l'historique de sa cire.

Ces pratiques contribuent à préserver une cire de bonne qualité et compatible avec un usage apicole.

Vous pouvez aussi retrouver ces recommandations dans le guide des bonnes pratiques apicoles produit par l'ITSAP.

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Transformer de la cire brute en feuille de cire gaufrée

Les cires produites sur l'exploitation sont fondues en pains de cire. Il existe plusieurs méthodes de fonte, mais certaines préservent mieux la qualité de la cire. Une attention particulière doit être portée au traitement des cires d'opercules, qui sont généralement plus propres.

Bon à savoir : À ce jour, aucun processus de recyclage ou de purification ne permet d'écarter certaines cires tout en restant pleinement compatible avec un usage apicole.

La transformation du pain brut en feuille de cire gaufrée est une étape cruciale. Certains apiculteurs font appel à un tiers, le cirier, mais s’assurent d’une traçabilité rigoureuse pour limiter les risques liés à la qualité de leur cire. D'autres choisissent l'autosuffisance en gaufrant eux-mêmes leur cire, tandis que certains optent pour des alternatives aux feuilles de cire gaufrée.

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Perspectives

Perspectives à court terme : L'ITSAP travaille actuellement à l'élaboration d'une charte de qualité avec les ciriers français pour améliorer la qualité des cires distribuées en France. De plus, une application numérique devrait être lancée d'ici la fin de l'année, permettant aux apiculteurs/apicultrices de comparer leurs résultats d'analyses chimiques et de pureté aux données actuellement disponibles dans le réseau.

Perspective à long terme : Enfin, l'ITSAP et le réseau des ADA sont également en train de développer une formation sur la cire, encore à un stade conceptuel, pour vous fournir davantage d'éléments et répondre à toutes vos questions concernant la qualité des cires à usage apicole.

Pour conclure, si vous souhaitez plus d'informations pour vous aider à améliorer la qualité de vos cires n'hésitez pas à consulter notre guide numérique exclusivement dédié et conçu par thématique et par grandes étapes de transformation de la cire d’abeille à usage apicole.

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